Le comportement alimentaire du chat
1. Introduction
Diverses études ont montré que le comportement alimentaire du chien et du chat est bien différent. Si la domestication du chien a entraîné de nombreuses modifications comportementales et digestives, le chat quant à lui a continué à se nourrir comme son ancêtre (voir notre article “Les chats et nous, une longue histoire”).
Il est resté un carnivore strict et la prédation fait toujours partie de son comportement.
Une équipe de chercheurs s’est penchée sur plusieurs études concernant des chats vivants en milieu naturel et sans interactions avec l’homme (ou chats féraux) et sont arrivés à calculer la nature moyenne des proies ingérées par ses chats.
2. Facteurs influençant le comportement alimentaire
2.1. Chasseur de petites proies
Le chat chasse de petites proies. Une des caractéristiques de ce type de comportement est le nombre de repas important au cours de la journée (en moyenne 10-12 chez le chat) et la possibilité de se remettre en chasse alors même qu’il vient à peine de finir de manger sa proie.
Nos chats domestiques sont influencés par ce caractère ancestral. C’est ainsi que notre chat ne mange pas toujours uniquement quand il a faim (repas multiples) et que la réduction du nombre de repas frustre le chat et va le pousser à ingérer rapidement une grande quantité de nourriture dès qu’il y a présence d’aliments.
Le respect du comportement alimentaire du chat montre qu’il est nécessaire qu’il ait plusieurs petits repas tout au long de la journée.
2.2. Boulimie
Il n’est pas conseillé de laisser de la nourriture ad libitum chez le chat vivant en milieu clos. Il vous faudra rendre la prise alimentaire difficile en énergie et en temps. Certains jouets existent permettant de complexifier la prise alimentaire.
2.3. Heure du repas
Cela dépend de la vie du chat. Si il vit dehors, ses heures de repas dépendront de l’activité de ses proies. Un chat vivant à l’intérieur se calquera sur l’activité de ses maîtres.
2.4. Préférences alimentaires
L’alimentation in utero et donné lors du sevrage vont conditionner les préférences alimentaires du chat. Le chat aime rester dans ses habitudes, d’autant plus si il est stressé. Il vous sera donc difficile de changer ses comportements alimentaires une fois ceux-ci acquis.
2.5. Saison
Une récente étude a montré que les chats ingèrent plus de nourriture à la fin de l’automne et en hiver.
Le chat a gardé la majeure partie de ses comportements alimentaires ancestraux. Les connaitre permet de mieux respecter le mode de fonctionnement du chat.
3. Flore intestinale ou microbiote intestinal
Nos matous ont un microbiote aussi complexe que le nôtre. Il regroupe trois grands règnes d’unicellulaires : les archées, les eucaryotes et les bactéries .
Chaque individu a une composition unique et spécifique.
Cette « flore » intestinale joue plusieurs rôles :
- Effet de barrière contre la colonisation par des agents pathogènes donc rôle dans la résistance de l’organisme.
- Production de substances nutritives pour les cellules épithéliales.
- Module la réponse du système immunitaire digestif en stimulant la production d’anticorps et en augmentant le nombre de cellules immunocompétentes dans le tube digestif.
Définitions:
Archées ou archéobactéries : microorganismes unicellulaires procaryotes (pas de noyau dans la cellule).
Eucaryotes : organismes uni- ou pluricellulaires dans l’ADN génomique est contenu dans un noyau séparé du cytoplasme par une enveloppe nucléaire.
Bactéries : les bactéries sont des micro-organismes ubiquistes, unicellulaires et sans noyau dont le génome est constitué d’ADN qui consiste en un seul chromosome avec éventuellement la présence de plasmides (petit morceau d’ADN circulaire).
Cellules épithéliales : cellules qui forment l’épithélium. Il s’agit d’un tissu organique qui recouvre la surface externe de l’organisme ou la surface interne d’une cavité ou d’un canal.
4. Le nourrir en fonction de son étape de vie
4.1. Chaton en croissance
A la naissance, le chaton est allaité par sa mère jusqu’à l’âge de 6 à 8 semaines. A partir de la 3e semaine, les aliments solides peuvent être petit à petit introduits. Les chatons vont d’abord jouer avec cette nourriture puis vont commencer à y goûter par imitation de la mère.
Les chatons ont une faible capacité digestive en raison de l’immaturité structurelle et fonctionnelle de leur système digestif. C’est une des raisons pour lesquelles les selles des chatons sont généralement molles.
Attention donc à introduire une alimentation adaptée à leur jeune âge.
4.2. Castration/stérilisation
Une castration/stérilisation diminue les besoins énergétiques du chat de 20%. Il faudra donc recalculer la ration apportée à votre boule de poils.
4.3. Senior
Un bon vieillissement se prépare avant d’être vieux. C’est pourquoi une bonne alimentation est recommandée tout au long de la vie de l’animal.
Un chat plus âgé nécessite une vigilance accrue de la part du propriétaire afin de déceler rapidement un éventuel problème, certaines maladies étant plus fréquentes chez l’animal âgé (insuffisance rénale, insuffisance cardiaque, arthrose,…).
Vieillir n’est ni une maladie, ni une fatalité. Vous pouvez aider votre chat à bien vieillir ! Que se soit en adaptant son environnement, en lui donnant une nourriture adaptée à son problème,…
4.4. Gestation/lactation
Une chatte qui attend une portée de 4-5 petits, peut être nourrie ad libitum. Par contre, si la chatte est en surpoids avant la gestation ou si elle n’attend qu’un ou deux chatons, la quantité de nourriture sera restreinte pour éviter des problèmes en fin de gestation.
Une chatte gestante doit avoir une alimentation adaptée. Il vous faudra donc passer à de la nourriture à haute digestibilité qui soit riche en lipides, acides gras essentiels et protéines mais pauvre en amidon et fibres. Il s’agit d’une nourriture spécifique aux animaux gestants mais également aux chatons.
Une transition alimentaire est nécessaire entre l’aliment habituel et l’aliment de gestation/lactation.
La mère, en fin de gestation, doit peser au maximum 40-50% en plus de son poids optimal hors reproduction. Le retour à l’aliment habituel se fera progressivement, une fois qu’elle aura retrouvé son poids optimal après le sevrage des petits.
5. Troubles du comportement alimentaire : anorexie
5.1. Cause physiologique
L’absence d’appétit de votre boule poils peut survenir à cause d’un problème mécanique (abcès dentaire entre autre) ou suite à de nombreuses maladies ou infections. En cas de coryza par exemple, le chat perd son odorat et n’est donc plus attiré par la nourriture. En effet, l’olfaction est essentielle chez le chat. S’il ne sent pas, il ne mange pas.
5.2. Développement d’aversions
Une aversion à un aliment peut se développer lorsqu’il est associé à une sensation négative (douleurs, vomissements, diarrhées, prise de médicaments,…).
Il arrive que le simple fait de donner un aliment en présence d’une odeur qui rappelle un souvenir désagréable crée une aversion envers la nourriture proposée.
C’est pour cette raison que, lorsque votre animal est hospitalisé, le vétérinaire ne vous demande pas d’apporter sa nourriture habituelle.
5.3. Causes comportementales
Un trouble alimentaire peut survenir en cas de stress ou de dépression.
5.4. Fausse anorexie
Certains chats vont « bouder » leur nourriture pendant un ou deux jours. Le propriétaire propose alors un autre aliment plus appétant. Et c’est le début du cercle vicieux. Le chat va manger quelques jours puis n’en voudra plus. Le propriétaire va à nouveau acheter un nouvel aliment, etc.
5.5. Changement d’aliment
Les chats n’aiment pas le changement et certains félins vont refuser de consommer un aliment inconnu. Si vous voulez en changer, une transition alimentaire entre l’ancien et le nouvel aliment doit être mise en place. De plus, un changement de nourriture sans transition alimentaire risque d’entraîner des troubles digestifs.
Chez le chaton, l’anorexie est une urgence vitale. Chez l’adulte, une assistance sera nécessaire après 2 à 4 jours, en fonction de l’état de santé et d’embonpoint.
6. Hospitalisation
Lorsque votre chat est hospitalisé, une nourriture adaptée à son état est mise en place afin de l’aider dans son rétablissement.
Un soutien nutritionnel doit parfois être initié si l’animal ne se nourrit plus seul.
Le type d’alimentation, la quantité de calories etc sont choisis en fonction de la pathologie de l’animal et de son état actuel. Les besoins nutritionnels évoluent avec l’état du patient et sont donc recalculés régulièrement par votre vétérinaire.
Les habitudes alimentaires de la maison peuvent aider le personnel médical dans le choix de la nourriture. N’hésitez pas à leur en faire part.
7. Conclusion
Le comportement alimentaire peut s’altérer à la moindre modification de l’environnement interne (maladie) ou externe du chat. Une modification du comportement alimentaire entraine généralement une consultation chez votre vétérinaire.
Une bonne alimentation peut prévenir certains risques majeurs et permet d’optimiser les fonctions immunitaires.
Le respect des comportements alimentaires ancestraux de votre chat va l’aider à se sentir bien.
A chaque étape de vie son alimentation appropriée.
Beukelaers Natacha - ASV