L’hygiène dans les cabinets vétérinaires

Les cabinets vétérinaires, comme les hôpitaux humains ou les cabinets de médecins généralistes, sont par définition des lieux où se croisent des animaux ou des personnes malades. Ce va-et-vient peut être la cause de la transmission de maladies. On parle alors d'infections nosocomiales. Ce terme, qui a sa place dans le panthéon des mots bizarres, vient du grec «nosos» qui signifie maladie et «komein» soigner.
En médecine humaine, les maladies nosocomiales provoquent en Europe 135.000 morts par an et 25 millions de journées d'hospitalisation.
L'hygiène dans les milieux hospitaliers préoccupe les médecins depuis longtemps. C'est vers 1850 qu'un médecin austro-hongrois a remarqué que près d'un tiers des femmes accouchées par des médecins mourraient d'infections tandis que seules 2% des patientes décédaient quand l'accouchement était effectué par des sages-femmes. Ce médecin se rend vite compte que ses confrères omettent de se laver les mains en passant des salles d'autopsies à celles d'accouchement. Pas très ragoûtant mais à l'époque c'était tout à fait normal.
Les bases de l'asepsie sont posées !

Et chez les vétérinaires ?

Bien que le problème des maladies nosocomiales soit nettement moins important en médecine vétérinaire, les praticiens n'ont pas attendu pour s'attaquer au problème.
Au cabinet nous suivons les «recommandations pour l’hygiène et le contrôle des infections dans les établissements de soins vétérinaires» de la FECAVA.

1. Se nettoyer et se désinfecter les mains:

Un geste que nous réalisons des dizaines de fois par jour. Lorsqu'elles sont souillées visiblement ou non, nous les 
lavons «classiquement» avec de l'eau et du savon mais nous utilisons également énormément de gels hydroalcoolique. Vous connaissez sûrement ces petits flacons de poche qui ont eu leur heure de gloire pendant l'épidémie de grippe aviaire.
L'OMS recommande d'ailleurs l'utilisation de ces gels dans la majorité des situations, y compris avant une chirurgie. Les meilleurs produits sont ceux qui contiennent 60 à 80% d'alcool.
Au cabinet nous utilisons principalement du Sterillium qui est indiqué pour la désinfection hygiénique et chirurgicale des mains mais également pour la désinfection de la peau avant une injection.

Ces gels hydro-alcooliques agissent en modifiant la membrane cytoplasmique et perturbent le fonctionnement des protéines des virus et des bactéries. C'est simple et rapide d'utilisation et je l'utilise entre chaque patient, avant et après avoir été voir un animal hospitalisé, et à chaque fois que je manque de temps pour me laver correctement les mains.

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2. Utiliser des gants:

Lors de la manipulation d'animaux contagieux, lors de contact avec des sécrétions nous utilisons des gants non stériles. Lors des chirurgies nous utilisons des gants stériles.

3. Gestion des déchets et des dépouilles:

Nos déchets contagieux, coupants ou cytotoxiques sont placés dans des poubelles jaunes qui sont traitées et évacuées par des organismes spécialisés.

Malheureusement, dans notre métier nous devons gérer également des animaux morts. Ceux-ci sont placés dans une pièce réfrigérée avant d'être évacués par une firme spécialisée. Je peux vous certifier que nous ne travaillons pas avec le clos d'équarrissage pour les animaux de compagnie.

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4. Nettoyage et désinfection des locaux: 

Généralement, on remarque immédiatement l'odeur, surtout dans un cabinet. Cela sent soit le Dettol, soit l'eau de javel (ou parfois les deux en même temps). On nettoie évidemment régulièrement le sol, la table et le matériel entre chaque patient mais également (et le grand public n'y pense pas forcément) les poignées de portes, les claviers, etc. En résumé tout ce que nos mains touchent.

5. Porter des vêtements de protection: 

Je vais encore casser un mythe, nous ne portons pas de blouse parce que c'est trop bien pour draguer. Blague à part, les vêtements de protection sont évidemment là pour éviter de propager des maladies entre 2 patients.

6. Eduquer les propriétaires d'animaux: 

Pour cela suivez les articles de ce site !

7. Laver vêtements et couchages.

 

Au travers de ces quelques règles élémentaires, nous évitons la contamination d'un animal à l'autre pour que Rex ne sorte pas plus malade qu'il ne l'était en entrant.

Dr. Dewaels Stéphane