La douleur post-chirurgicale chez le chat

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La stérilisation ou la castration des chats reste probablement l'acte chirurgical le plus pratiqué dans nos structures vétérinaires.

C'est un acte de routine mais qui nécessite une attention avant, pendant et après l'acte.

Non pas concernant l'acte en lui-même, qui a été répété des centaines de fois, mais concernant la réaction à la douleur. Nous ne réagissons pas de la même manière à celle-ci (certaines mauvaises langues diront que les hommes sont plus sensibles à la douleur que les femmes,... mais je me garderai de colporter de telles inepties). Chez les animaux c'est la même chose, un protocole antidouleurs pour un chat ne suffira peut être pas pour un autre chat.

Avant l'intervention chirurgicale.

Selon le type d'intervention, sa durée, la douleur qu'engendre la chirurgie, nous choisissons le protocole le mieux adapté à la situation. Une intervention n'est pas l'autre et elle peut provoquer des douleurs différentes.

Dans certains cas, on peut, avant l'anesthésie injecter des antidouleurs qui agiront au réveil de l'animal quand les autres analgésiques n'auront plus aucun effet.

Il est donc important de connaître le temps et la rapidité d'action de tous les antidouleurs pour préparer notre protocole anesthésique.

Pendant l'intervention

Grace à l'anesthésie multimodale, c'est à dire où l'on utilise plusieurs molécules aux actions différentes, on peut vraiment empêcher la douleur à tous les niveaux.

L'anesthésie multimodale à aussi l'avantage de diminuer les risques anesthésiques. Effectivement, en utilisant un "cocktail" de molécules nous pouvons diminuer la quantité de chacune. Comme elles sont éliminées par des circuits différents on évite de surcharger un organe comme les reins ou le foie. Mais ce n'est pas le sujet ici, revenons à nos moutons, ou plutôt à la douleur de nos chats.

On peut, en cours d'anesthésie, adapter notre protocole, grâce à l'anesthésie gazeuse nous pouvons moduler la profondeur d'anesthésie lorsque l'animal est sur la table d'opération.

On adapte évidemment notre protocole au niveau de douleur associé à la procédure chirurgicale. Un détartrage est évidemment moins douloureux qu'une chirurgie abdominale.

Il existe 3 paliers de douleurs qui nécessitent chacun une réponse adaptée.

Après la chirurgie

C'est probablement le point le plus important, et pourtant c'est à ce niveau que la douleur à été le plus longtemps négligée par les vétérinaires. Heureusement, des équipes de vétérinaires ont bien vite fait avancer la recherche dans ce domaine. Et cela évolue encore très vite et pour cela nous devons régulièrement nous former de manière impartiale sur les différents protocoles analgésiques. C'est vraiment le cœur de notre métier.

Lors du réveil de l'animal, nous surveillons les signes de la douleur. Une récente étude de Sheilah Robertson, Vice-présidente Bien-Être de l´American Veterinary Medical Association insiste sur l´évaluation préalable à la chirurgie, et bien sûr postérieure, en observant le chat, palpant délicatement sa plaie pour vérifier ou infirmer l´efficacité de l´analgésie. Malgré de bons protocoles, certains chats sont plus sensibles que d´autres et ont besoin d’une prise en charge complémentaire. La douleur est toujours, toutes espèces confondues, une expérience individuelle, avec des sensibilités très différentes.

Au cabinet, nous utilisons le protocole français 4Avet qui permet de juger de manière impartiale la douleur des chats hospitalisés. Cette méthode standardisée permet de juger correctement la douleur d'un animal. On minimise ainsi au maximum le risque de mauvaise évaluation.

Et on s’entraîne également:  http://www.animalpain.com.br/en-us/avalie-sua-habilidade.php

Sur ce site, vous trouverez des vidéos qui nous aident à bien évaluer la douleur d'un chat. Vous constaterez que ce n'est pas toujours évident!

En conclusion,

En tant que vétérinaire, la douleur chez les animaux de compagnie est un sujet qui nous préoccupe.

On ne peut pas concevoir la médecine vétérinaire sans y mettre la lutte contre la douleur au centre de nos préoccupations. C'est avec la prévention des maladies, le cœur de la notion de bien être animal et donc de notre métier.

Nous voulions partager avec vous, toute l'attention que votre vétérinaire porte sur la douleur. Pour terminer nous vous rappelons de ne JAMAIS donner d'antidouleurs humain à un chat! Le paracetamol, par exemple, est extrêmement toxique pour le chat.

Docteur S. Dewaels